NPA Haute-Garonne
  • Reynerie et Bellefontaine : Comment racisme et mépris de classe conduisent à la fermeture de deux collèges en éducation prioritaire ?

    17 janvier 2017

    Le Conseil Départemental a décidé de la fermeture progressive, à partir de 2017, des collèges R. Badiou (La Reynerie) et Bellefontaine. La construction de deux nouveaux collèges pour les remplacer est annoncée pour 2021 ou 2022 mais sans aucune garantie : il serait question d’en construire un dans le quartier de Saint Simon, mais aucun terrain n’a pu être communiqué.

    Ce sera vraisemblablement loin des quartiers populaires, avec un objectif double :
     Retirer des quartiers populaires un service public de proximité indispensable, un lieu de vie, un lieu de rencontres et d’apprentissage.
     Faire des économies, car il est aujourd’hui certain que les nouveaux établissements perdront leur label REP+ (éducation prioritaire).

    Au nom de la mixité, toujours les mêmes qui trinquent

    Entre 2017 et 2021, les élèves de La Reynerie et de Bellefontaine vont être répartis dans différents collèges dits « favorisés » de la métropole : par exemple à Fermat ou encore à Balma. La majorité des parents et enseignants des collèges Badiou et Bellefontaine s’opposent à ce dispositif. En effet les contraintes liées à cette « mixité » sociale retombent uniquement sur les élèves des quartiers populaires : fermeture des collèges de proximité, éparpillement à travers la métropole (4 ou 5 par classe maximum), temps de transports important et transports limités à 1 navette matin et soir, contraignant les élèves à des journées à rallonge, quels que soient leurs emplois du temps (notamment pour ceux qui seront délocalisés à Balma), perte des moyens éducatifs liés à l’éducation prioritaire.

    Racisme...

    La précipitation du Conseil Départemental nous interpelle : il ferme les deux collèges avant même d’entamer la construction des deux nouveaux. Mais le Conseil Départemental se justifie sur son site : « dans une société ébranlée par la montée des extrémismes et par les phénomènes de radicalisation, la question du vivre ensemble doit être pensée et traitée le plus en amont possible : dès l’école. C’est dans ce contexte que la Haute-Garonne [expérimente] de nouveaux dispositifs visant à renforcer la mixité sociale dans les collèges. » Donc en reprenant les poncifs racistes et islamophobes sur les quartiers populaires, le CD propose, au nom de la lutte contre la radicalisation, d’éparpiller les jeunes de La Reynerie et de Bellefontaine aux 4 coins de la métropole, n’hésitant pas à mettre en péril l’avenir de jeunes élèves, les traitant comme des cobayes au nom d’une expérimentation aussi hasardeuse qu’inefficace.

    … et mépris social

    Les défenseurs du projet nous le répètent : « la mixité sociale est favorable aux apprentissages scolaires ». Si c’est le cas, elle l’est pour tous les élèves, et elle doit permettre de remettre en cause la division de la société en classes sociales et des injustices qui vont avec. Mais dans le projet du CD, seuls les élèves des quartiers populaires sont enjoints à subir l’éloignement, les transports, et le statut d’« invité », d’élève moins légitime, dans leurs nouveaux collèges. Et ils devraient s’en réjouir ? Les élèves des quartiers populaires sont considérés comme ceux qui bénéficient du contact avec les enfants de l’élite et les riches comme ceux qui accueillent généreusement. Le NPA condamne ce projet qui transpire le mépris social et le paternalisme condescendant.

    La mixité sociale utilisée pour faire oublier l’injustice sociale.

    Ce qui créé des difficultés scolaires, ce ne sont pas les élèves eux même, c’est d’abord l’instabilité et la précarité du quotidien, du logement, la pression policière, le mépris et la violence sociale du capitalisme, c’est le manque de moyens pour que l’école puisse garantir l’égalité d’accès de tous et toutes aux sorties et événements culturels, aux voyages, à la création artistique, gratuitement. Ce devrait être la priorité de ceux qui déclarent agir au bénéfice des classes populaires : lutter contre les inégalités sociales, surtout quand elles sont accentuées au nom de la mixité, alors qu’en même temps, le rectorat accorde des dérogations à 25 % des collégiens de Toulouse pour leur permettre d’éviter leur collège de secteur, et alors que le CD subventionne les collèges privés qui scolarisent 25 % des collégiens toulousains.

    Pour une école émancipatrice et militante contre l’ordre social !

    Les enfants des quartiers populaires ne sont pas des patates chaudes qu’il s’agirait de bien répartir ! Le NPA soutient la mobilisation des personnels et des parents contre la fermeture des collèges R. Badiou et Bellefontaine et revendique des mesures d’urgence pour que tous les élèves soient traités dignement par les institutions, et aient accès à une éducation émancipatrice.

    Cela signifie des établissements dotés des moyens nécessaires : 18 élèves par classe, gratuité totale (des stylos aux voyages) mais aussi des établissements de proximité, liés aux quartiers de leurs élèves, ouverts aux problématiques de leurs quotidiens : les établissements scolaires doivent créer du lien et sont souvent le lieu de structuration des mobilisations des familles contre les expulsions de logements, pour la régularisation de familles sans papier ou contre les violences policières… C’est bien cet espace que l’on est en train de détruire ! C’est cet espace qu’il faut défendre.

    Jeudi 19 mars :

    12 H Rassemblement devant la préfecture en défense de l’éducation prioritaire de la maternelle jusqu’au Bac

    16 H Rassemblement place Abbal (métro La Reynerie) contre la fermeture des collèges R.Badiou et Bellefontaine.